Plainte des salariés d'AML Systems contre leur direction
Alors que le bilan du Covid-19 en France ne cesse de s'aggraver, le risque de contamination semble plus grand que jamais. Dans ce contexte, les salariés de l'équipementier automobile AML Systems, dont l'usine est située à Hirson (Aisne), ont déposé plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, estimant que l'entreprise prend des "risques" avec leur "santé", selon des sources concordantes. Une première dans l'Hexagone.
"Malgré la bonne volonté affichée par la direction afin de mettre en place les gestes barrière, la sécurité totale n'existe pas", fait valoir l'avocat Me Ralph Blindauer, au nom du CSE, dans la plainte consultée par l'AFP. "Il existe de nombreuses occasions de transmission du virus dès lors qu'une communauté de travail, sans nécessité absolue pour la Nation ou pour l'économie, est amenée à se rencontrer", ajoute-t-il, jugeant que "l'employeur expose ses salariés à un risque immédiat de mort ou de blessures".
La direction se refuse au moindre commentaire
Selon lui, il est "inadmissible qu'un employeur prenne des risques avec la santé de ses salariés en obligeant ces derniers à travailler dans un secteur non essentiel". Le parquet de Laon a confirmé mercredi à l'AFP avoir reçu la plainte, et devra examiner s'il existe effectivement des éléments constitutifs de la mise en danger pour ouvrir ou non une enquête.
AML Systems, rachetée en 2016 par le groupe Johnson Electric, conçoit, produit et commercialise des correcteurs de phares, des actionneurs d'éclairage et des systèmes lave-projecteurs pour l'industrie automobile. Sollicitée par l'AFP, la direction n'a souhaité faire "aucun commentaire".
Droit de retrait et arrêts maladie
"L'usine tourne toujours (...) On espère que cette plainte va servir de levier, qu'ils vont sortir du déni et fermer l'usine", a déclaré Romain Delhaye, déléguée CGT et secrétaire du Comité social et économique d'établissement. "Tous nos clients français sont fermés." Environ 250 personnes travaillent sur le site d'Hirson, dont quelque 150 dans les ateliers de production mais, selon lui, de plus en plus de salariés font valoir leur droit de retrait ou sont en arrêt maladie.
"On a l'impression d'être dans une lutte des classes, tous ceux qui peuvent être en télétravail, les cadres, le sont, et les manutentionnaires, au charbon", a ajouté M. Delhaye. L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 135 millions d'euros sur l'exercice 2017-2018 et emploie 560 personnes en France et Chine, selon les chiffres disponibles sur son site. (avec AFP)