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"Nous ne sommes pas de simples logisticiens !" : la mise au point des distributeurs de pièces

Publié le 8 avril 2025
Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Les distributeurs-stockistes de pièces de rechange montent au créneau. Réunis pour les 40 ans du CDA de la Feda, ils ont réaffirmé leur place centrale dans la filière. Au-delà de leurs services logistiques, ils revendiquent une expertise technique et un accompagnement sur mesure des réparateurs, face à un marché toujours plus exigeant.
Alain Landec, président de la Feda, a réaffirmé le rôle stratégique des distributeurs-stockistes dans la chaîne de l'après-vente. ©Feda
Alain Landec, président de la Feda, a réaffirmé le rôle stratégique des distributeurs-stockistes dans la chaîne de l'après-vente. ©Feda

"Nous ne sommes pas de simples logisticiens !" Lors du 40e anniversaire du Club de la Distribution Automobile (CDA), le 3 avril 2025, Alain Landec, président de la Feda, a rappelé avec force que les distributeurs ne se contentent pas de livrer des pièces de rechange. Ils revendiquent un rôle stratégique au sein de la filière, qu’ils n’ont pas hésité à mettre en relief lors de deux tables rondes.

Une prise de parole bienvenue alors que la profession doit faire face à une conjoncture compliquée. Outre un ralentissement de leur activité en ce début d'année, les professionnels du secteur composent avec une concurrence du canal e-commerce toujours plus forte, et une situation réglementaire instable. "Ce climat politique rend notre travail plus difficile", reconnaît Isabelle Bernet-Denin, directrice générale de la Confédération des grossistes de France (CGF).

Malgré l'adoption en 2023 de la loi dite Descrozaille, qui a entériné le statut des grossistes dans le Code de commerce, la dirigeante déplore que ces derniers soient encore trop souvent les "dommages collatéraux" des conflits entre grande distribution et industrie agroalimentaire.

Livraisons express et catalogue exhaustif : l'art du sur-mesure

C'est dans ce contexte que les distributeurs de pièces de rechange entendent aujourd'hui mieux faire connaître une expertise encore trop méconnue. "Dans une époque post-Covid où les circuits courts ont le vent en poupe, nous devons rappeler notre valeur ajoutée", souligne Alain Landec. Des propos appuyés par Isabelle Bernet-Denin, qui regrette que les distributeurs soient encore perçus comme de simples "mangeurs de marges".

À ce sujet, Sreta Mirkovic, directeur général de Partsmen Groupe, a rappelé que l'exhaustivité de l'offre de ses magasins constitue un véritable levier de différenciation. "On ne fait pas la différence sur la plaquette ou le filtre d'une Clio mais sur le mouton à cinq pattes. Et même ça, nous l'avons", assure-t-il.

Autre atout du distributeur : son service de livraison. Partsmen Groupe livre ses clients réparateurs quatre fois par jour en moyenne, et jusqu'à sept ou huit fois pour certains ateliers. "On a été mal habitués par nos groupements, et nos clients le sont aussi", confie Sreta Mirkovic.

Des services pensés pour les réparateurs

Cette offre de services est pleinement assumée dans les rangs d'Alliance Automotive Group France, où Boris Guth estime que le rôle d'un groupement est d'aider les distributeurs à répondre à toutes les demandes. Une mission complexe, d'autant que le nombre de références nécessaires à l'entretien du parc roulant ne cesse d'augmenter.

"Notre ambition, c'est de permettre aux réparateurs d'être le plus efficaces en leur apportant la bonne pièce, au bon moment et dans de bonnes conditions", insiste Frédéric Gaillard, directeur général des opérations BtoB France de Parts Holding Europe.

Au-delà de leur outil logistique et de leur catalogue de produits, les grossistes restent aussi des maillons essentiels dans l'évolution technologique du métier de réparateur. "Nous sommes le relais de nos partenaires industriels pour toutes leurs informations techniques", confirme Boris Guth.

Même discours chez Autodistribution, où les réseaux de MRA et de carrossiers bénéficient d'outils et de programmes de formation adaptés aux nouveaux défis technologiques. "C'est un élément de valeur ajoutée au-delà de notre dimension grossiste", ajoute Frédéric Gaillard.

La technicité, atout des distributeurs peinture

Cette expertise est particulièrement visible chez les distributeurs de peinture. Invités à partager leurs témoignages au cours d'une seconde table ronde, ces derniers ont insisté sur l'importance croissante des compétences et des savoir-faire dans le secteur de la réparation-collision.

"Nous ne mettons pas de simples preneurs de commandes sur la route, appuie Maxime Falconnet, président du groupement Centaure. Nous apportons de la technicité pour aider nos clients à déployer les nouvelles technologies des fabricants de peinture." Parmi ces innovations figurent notamment les machines de teinte automatisées, qui facilitent le quotidien des carrosseries.

"Nous avons déployé une douzaine de machines Irus Mix l'an dernier, et nous devrions en installer 30 à 35 d'ici à fin 2025. Avec ces équipements, nous apportons plus de confort aux peintres en les libérant d'une tâche peu gratifiante. C'est un vrai plus alors que les compétences manquent de plus en plus dans les ateliers", témoigne Nicolas Demoulin, dirigeant du groupe Antonin.

Pour Olivier Marion, directeur marketing EMEA de BASF, l'innovation doit effectivement être mise au service des réparateurs, en les aidant à gagner en rentabilité et en productivité. Une vision partagée par Régis Napoleone, directeur du développement carrosserie d'AAG, qui ironise : "Nous sommes quelque part masochistes car nous incitons nos clients à acheter moins !"

Color+ : un label pour valoriser la profession

Dans ce contexte, la fidélisation des carrossiers devient une priorité pour les acteurs de la filière. "La valeur ajoutée des réseaux doit être renforcée ! Nous avons une large boîte à outils chez Autodistribution pour optimiser la satisfaction des clients tout en aidant les réparateurs à pérenniser leur entreprise", indique Damien Bontemps, responsable national des ventes carrosserie d'Autodistribution.

Pour promouvoir l'ensemble de leurs services, les spécialistes de la distribution de peinture peuvent également compter sur le label Color+, développé par la Feda. Après avoir défini les critères du référentiel métier (stockage, logistique, approvisionnement, environnement, etc.) de cette certification, la fédération entend aujourd'hui accélérer son déploiement sur le terrain.

"Ce label doit nous permettre de mieux valoriser notre expertise et notre utilité sur le marché, en particulier vis-à-vis des apporteurs d'affaires qui nous considèrent encore parfois comme des preneurs de marges !", conclut Nicolas Demoulin, qui préside le groupe métier peinture-carrosserie au sein de la Feda. Un combat culturel autant que commercial, à l'heure où la profession de grossiste réinvente sa place dans l'écosystème de l'après-vente.

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