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REPORTAGE VIDÉO – La carrosserie Lavoisier rentabilise la haute technicité

Publié le 24 juin 2024
Par Nicolas Girault
3 min de lecture
Dans la périphérie lilloise, la carrosserie Lavoisier s'est spécialisée dans la chassimétrie et la réparation multimatériaux. À rebours de la majorité des réparateurs, l'entreprise membre du réseau Carflex est parvenue à rentabiliser ces travaux longs et coûteux.

La carrosserie Lavoisier s’apprête à accueillir un second banc de redressage entre ses murs. Alors que cet outil par excellence des opérations de chassimétrie est de moins en moins employé par les carrossiers, le réparateur de La Madeleine (59) en a fait sa spécialité. Parallèlement, le nombre de tôliers formés pour effectuer ce type de réparations hautement techniques devrait passer de cinq à sept dans ce vaste atelier.

À l'origine, c'est l'obtention de l'agrément Porsche en 2019, puis celui de Jaguar Land Rover l'année suivante, qui l'ont poussée à revenir sur ce cœur de métier traditionnel des carrossiers. "Nous avons été obligés de réapprendre un métier et aujourd'hui nous le maîtrisons, affirme Sébastien Staëls, dirigeant de la carrosserie Lavoisier. Pour obéir aux contraintes techniques imposées par les constructeurs pour réparer des véhicules multimatériaux, qui représentent généralement une grande valeur et peuvent rouler vite, nous sommes obligés d'y effectuer une chassimétrie. Et à force de les réaliser, nous nous sommes rendu compte qu'en spécialisant des techniciens, on peut y atteindre une certaine productivité et une certaine marge". Le réparateur précise qu'il n'entretient aucun agrément d'assurance. Il affirme que s'il faisait bénéficier à un apporteur d'affaires des tarifs préférentiels, il ne pourrait tout simplement pas se consacrer entièrement à cette spécialité.

Opérations interdites sur l'aluminium

Un peu plus loin dans l'atelier, le dirigeant rejoint le responsable de l'atelier en pleine discussion autour d'un SUV Range Rover. Celui-ci présente un véritable cas d'école de la réparation multimatériaux. En effet, l'aluminium ne se comporte pas de la même manière que l'acier lors d'un sinistre. Dans ce cas précis, non seulement les dommages ont endommagé la partie ayant subi le choc, mais des dégâts plus discrets – mais tout aussi importants pour la sécurité du véhicule – touchent la structure à son opposé.

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Concrètement, "en comparaison, on peut davantage redresser l'acier. Mais l'aluminium n'a pas de mémoire de forme. On ne peut pas vériner ce type de carrosserie. Sur les Land Rover, on ne peut pas non plus utiliser de tire-clou, alors que leur emploi est limité sur les Porsche, explique Jean-Marie Lefèvre, carrossier spécialisé. On est obligé de faire des tests pour détecter des microfissures". Dans ce dernier cas, le remplacement est souvent obligatoire. Les pièces neuves sont alors collées et rivetées… Et dans tous les cas, le cahier des charges du constructeur est scrupuleusement suivi, pas à pas. "Il est extrêmement précis. Par exemple, il impose le diamètre du foret à employer pour retirer les anciens rivets et les remplacer", explique Ralid Zouggagh. Cet autre carrossier spécialisé suit d'ailleurs toutes les étapes de remplacement d'un élément arrière d'un véhicule, sur un écran installé sur une servante d'atelier.

Agréé au prix fort

Lors de ces réparations de haute technicité, "on découvre parfois au fur et à mesure du chantier de nouveaux éléments à réparer. Parfois, on peut dépasser la valeur du véhicule", explique Cédric Bilquez, responsable carrosserie. Mais à partir du moment où les travaux ont été entamés, ils sont généralement poussés jusqu'au bout. Sur ces véhicules haut de gamme, ce type de dossiers de sinistre peut s'envoler jusqu'à 130 000 euros et au-delà… Ainsi, dans l'atelier, tout le monde se souvient du récent record de la carrosserie, établi sur une Porsche 911 GT3. La réparation de ce véhicule neuf, accidenté par un acheteur qui l'essayait avant de l'acquérir, s'est élevée à 250 000 euros !

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Les spécialistes aptes à mener ce type de réparations sont évidemment rigoureusement formés par les constructeurs. Mais l'équipement doit aussi être conforme au cahier des charges de chaque marque. "Il faut compter environ 200 000 euros pour travailler avec un agrément, précise Sébastien Staëls. À cette somme, il faut encore ajouter la formation des réparateurs et l'outillage. Surtout, chaque marque pose des exigences particulières vis-à-vis de ses clients. Cela nous oblige à réorganiser entièrement l'atelier". Autant préciser qu'il lui a fallu du temps pour s'organiser et rentabiliser cette activité. Mais aujourd'hui, ce carrossier farouchement indépendant (membre du réseau de Carflex) est reconnu dans cette spécialité… Et il se passe largement des apporteurs d'affaires pour remplir son carnet de commandes.

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