Covéa dénonce la dérive inflationniste des pièces de carrosserie
Alors que les pratiques vertueuses peinent encore à s'imposer dans les ateliers automobiles, le groupe Covéa a décidé de publier un livre blanc dédié à la réparation durable. Objectif : encourager les professionnels à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement et plus économiques.
Des coûts de réparation en forte hausse
Selon l’assureur, le coût de la sinistralité ne cesse de croître, en particulier au cours de ces deux dernières années (+15,5 %). En 2023, les pièces de carrosserie ont représenté 52 % de ce poste, et leur prix a grimpé de 18 % sur la même période. Rien que pour Covéa, cette charge a représenté un montant de 2,6 milliards d'euros l'an dernier.
Face à cette inflation, le groupe souhaite donc promouvoir l'usage du réemploi auprès de tous les acteurs de la filière. En 2023, sur les 6,3 millions de véhicules sinistrés en France, seules 4,9 % des pièces remplacées étaient issues du réemploi. Covéa, qui affiche un taux d'usage de PRE de 17,6 % pour les véhicules de cinq ans et plus, entend aller plus vite. Le mutualiste s’est fixé un objectif de 20 % à fin 2024 et espère atteindre, à terme, un taux compris entre 25 et 30 %.
Un écosystème à dynamiser
Pour atteindre ses ambitions, Covéa souhaite inciter tous les acteurs à adopter des comportements plus vertueux, en commençant par les prescripteurs du marché que sont les experts et les réparateurs.
L’assureur se dit favorable à un modèle plus incitatif pour les ateliers de réparation. "Le modèle de la réparation automobile est basé sur le remplacement de la pièce neuve aujourd’hui. Nous voulons changer ce modèle en poussant la réparation", annonce Philippe Rondeau, directeur expertise et solutions d’indemnisation de Covéa.
Également président de Cesvi France, ce dernier travaille avec le technocentre de Poitiers sur un référentiel, en lien avec les réparateurs et les experts, pour développer de nouvelles solutions autour de la réparabilité. "Nous espérons mener des expérimentations sur le sujet au cours du second semestre", ajoute Philippe Rondeau.
Ce n’est pas tout : Covéa plaide également pour un élargissement du panel de PRE disponibles. Sur ce sujet, le groupe se dit prêt à accompagner les recycleurs dans leurs défis logistiques et n'exclut pas de s'engager plus activement dans la filière. "Nous ne nous interdisons rien", glisse Stéphane Duroule, directeur général assurances France du groupe Covéa.
Covéa plaide pour une ouverture du marché de la pièce de carrosserie
Enfin, Covéa espère une évolution du cadre réglementaire pour favoriser le développement de l'économie circulaire dans le secteur automobile. Le groupe se dit notamment favorable à l'ouverture du marché de la pièce de carrosserie neuve, toujours aux mains des constructeurs en raison de la protection de la propriété intellectuelle.
Covéa suit de près l'évolution de la directive européenne sur la réforme du système de propriété intellectuelle en matière de dessins et modèles, qui pourrait autoriser l'utilisation de pièces de rechange pour la remise en état d'un véhicule.
"Mais l’application de cette directive pourrait être longue... Une période transitoire de huit ans est prévue pour harmoniser cette disposition au niveau national et un autre délai de trois ans est accordé aux États pour l’adopter définitivement. Nous espérons que ces durées seront raccourcies par les pouvoirs publics", conclut Stéphane Duroule.