Résurrection pour Fog et Muller
"Nous croyons fortement au potentiel de développement de Muller. Nous avons déjà embauché un ingénieur pour le développement de programmes, ainsi que cinq commerciaux pour l'export", annonce Benoît de Maynadier, président de l'entreprise.
Un an après son rachat de la marque Muller auprès du groupe Actia, le dirigeant affiche des premiers résultats positifs à la tête du fabricant d'équipements d'ateliers. "En 2022, nous avons réalisé une progression de 15 % avec un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros", annonce le président de l'entreprise chartraine, qui a dégagé un résultat net de 5 % sur cette période. Muller vise désormais les 25 millions d'euros en 2023. Les deux tiers de son activité reposent sur l'équipement de contrôle technique et le reste sur celui de garage.
C'est donc un nouveau chapitre qui s'ouvre pour la marque héritière de Bem Muller, priorité donc de Benoît de Maynadier, ancien dirigeant de Fog Automotive, et de Boris Levin, ex-actionnaire principal du groupe Base. Ces investisseurs ont repris l'entreprise en leur nom propre, contrairement a ce qui avait alors été annoncé à l'époque par Actia.
Requiem pour le groupe Base
"Le groupe Base a disparu fin 2022. La dizaine de sociétés qui le composaient ont toutes déposé le bilan, été revendues ou sont en passe de l'être", explique Benoît de Maynadier. Cette société-mère avait été créée en 2018 par Stargate Capital. Elle rassemblait les marques Accu-Turn, Apac Lube, Autopstenhoj, Beissbarth, Fog Automotive, Oma, Sicam, Tecalemit et Tecnotest. Après une rapide ascension grâce à plusieurs opérations de croissance successives, le groupe a été rattrapé par des difficultés financières.
Selon ses dirigeants, l'affaiblissement de Werther conjugué à l'obligation de remboursement des PGE ont plongé ses comptes dans le rouge. Les difficultés de l'entreprise italienne auraient alors entraîné une relation en chaîne menant à la dislocation du groupe Base. Beissbarth a notamment été revendu au groupe Stertil en janvier dernier. Werther International et Sicam seraient encore en cours de cession...
Tandis que Fog Automotive a déposé le bilan en octobre 2022. Une situation dont on su rapidement tirer profit Benoît de Maynadier et Boris Levin, qui ont repris dans la foulée les actifs (stocks, plans et brevets) de l'ancien fleuron français. Objectif : assurer le service après-vente de son parc d'équipements dans les ateliers, et relancer son offre d'outils de levage.
Plus de 120 employés au service des ateliers
Aujourd'hui, Muller emploie maintenant 125 salariés (dont des anciens d'Actia et de Fog Automotive). Dans le détail, la société en compte 14 en production, 19 au service clients, 14 en R&D et marketing, 7 en logistique, 5 en service qualité, 8 au service financier, ainsi que 41 techniciens et 18 commerciaux.
Selon Fabrice Marin, directeur des opérations, l'ensemble de leurs activités vise à proposer des solutions pour que les clients du contrôle technique "réalisent leur chiffre d'affaires avec un retour sur investissement garanti" . "Notre équipe itinérante assure un service de montage et de maintien de l'équipement en condition opérationnelle, avec prêt de matériel et maintenance systémique", ajoute-il. Certains équipements reviennent ainsi à l'usine pour y être entretenus, sans interrompre les activités de ses propriétaires.
Tourné vers l'international
Quatre après son inauguration, le site de production de Muller est encore quasi-neuf. Il s'étend sur une surface de 10 000 m2, avec un potentiel de développement important. Son unité de production en occupe près de 2 000 m2, tandis que son stock dispose de 4 000 m2. Celui-ci compte 60 000 références de marque Muller et Fog, mais aussi de nombreuses pièces détachées multimarques (Actia, FFB, Werther, Sicam, Beissbarth, Ecotechnics, Gareq). Le service administratif occupe 2 700 m2. Tandis qu'un showroom-centre de formation certifié Qualiopi occupe 1 000 m2. "Il accueille environ une cession de trois à quinze personnes par mois. Leurs participants viennent du monde entier", explique Hervé Le Glaunec, directeur commercial.
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Si Muller ne néglige pas son marché national, il se tourne résolument vers l'international. Le fabricant est présent dans 45 pays de quatre continents : Afrique, Eurasie, Amérique latine et Moyen-Orient. Ses bancs de contrôle technique sont utilisés en Côte d'Ivoire, Colombie, Indonésie, au Brésil, Chili et jusqu'aux aux Philippines. Positionnés sur le segment des équipements premium, leurs prix sont au-dessus de la moyenne du marché, y compris dans les pays en voie de développement. "L'exportation représente actuellement 30 % de notre chiffre d'affaires. Nous visons maintenant à atteindre 50 % en nous développant davantage notamment sur les marchés indien et latino-américains. Plus tard, la France pourrait n'en représenter qu'un tiers", pense Benoît de Maynadier.
Fabrication française
"Nous répondons à la fois aux attentes européennes de qualité, qu'à celles de productivité en Asie, avec le même produit. Celui-ci est ainsi plus simple à produire", affirme Nicolas Mignardot, directeur marketing. "Par exemple, aux Philippines, les contrôleurs techniques examinent 210 véhicules par jour. Soit quinze fois plus que leurs collègues français. Tandis que les bancs sont parfois installés à l'air libre en Asie." Ces matériels sont donc conçus et fabriqués pour durer en conditions difficiles. Ceux destinés aux Antilles et ailleurs sont par exemple traités pour résister aux brouillards salins.
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L'activité production de Muller repose sur l'assemblage de composants majoritairement originaires de France. "90 % d'entre eux sont fournis par des partenaires dans un rayon de 400 kilomètre", précise Fabrice Marin. Certains d'entre eux sont, par exemple, aussi fournisseurs de pièces résistantes à la corrosion pour Volvo AB. Un spécialiste nantais des éoliennes fournit des moteurs électriques très robustes. Tandis que c'est à Chartres que les capteurs sont produits. Parmi les rares éléments originaires d'Asie figurent des composants de systèmes hydrauliques introuvables en Europe. La filiale de Tábor (République tchèque) fabrique les stations de contrôle des émissions. Autrement, "lorsqu'on produit en France, ce n'est pas la main d'œuvre qui coûte le plus cher, mais les efforts en approvisionnement de pièces et le développement de softs informatiques", affirme Nicolas Mignardot.
Nouvelles gammes revalorisées
Sur le plan stratégique, l'intégralité du catalogue de produit est disponible sous la marque Muller. Celui-ci comprend d'abord une gamme d'équipement dédiée au contrôle techniques. Elle compte une douzaine d'outils : speedomètre, banc de frein (moto, VL et PL), plaque de ripage, réglophares, baie anti-pollution, etc. Le fournisseur édite aussi des systèmes VIMS de gestion globale du centre de contrôle et de l'inspection des véhicules. Tandis que la seconde gamme réunit les équipements d'atelier. Ses clients peuvent s'y fournir en stations de climatisation, outils de géométrie, démonte-pneus et équilibreuses... Ils se voient proposer un vaste choix d'outils de levage : traverse, pont prise sous caisse, pont 2 et 4 colonnes, etc.
Certains de ces produits (matériels de levage notamment) resteront toutefois distribués sous l'étiquette Fog Automotive. Cela, notamment en France. Cependant, l'équipe assure que jamais une même référence sera présente sous les deux marques sur un même marché…
Désormais, Muller annonce que 2023 sera l'année de la relance de sa communication externe. La nouvelle version de son site internet (prévue pour juillet) proposera des notices et plans de ses équipements. Les clients accèderont sur ce portail, via leur espace personnel, à la liste des pièces de rechange (disponibilité, prix, et délais) ainsi qu'aux demandes d'intervention en 24 ou 48 heures (selon leur contrat).
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Les deux marques ont déjà présenté des nouveautés lors de la dernière édition d'Equip Auto (nouvelles gammes complètes de ponts élévateurs, démonte pneus et équilibreuses). Ces deux dernières familles de produits ont été refondues, simplifiées et revalorisées. "Sur le terrain, 5 000 à 10 000 garages français sont dotés d'équipements de levage âgés de plus de 20 ans, à renouveler. C'est un marché de conquête représentant 2 500 ventes par an", affirme Benoît de Maynadier. Les deux marques prévoient de l'attaquer de plus belle… En commençant par participer aux prochains salons Equip Auto Lyon, Automechanika Dubaï et Solutrans.