Les équipementiers automobiles européens réclament une production locale
Les équipementiers européennes accentuent leur pression sur Bruxelles. Plusieurs équipementiers automobiles européens de premier plan, parmi lesquels Forvia, Valeo, OpMobility (ex-Plastic Omnium) et Brembo, ont interpellé mardi la Commission européenne dans un courrier publié ce 28 janvier.
Ils réclament la mise en place d’objectifs clairs de "contenu local" pour les pièces automobiles produites en Europe. Cette prise de position intervient alors que l’industrie automobile, fragilisée par la transition énergétique et la montée en puissance des constructeurs asiatiques, se réunit à Bruxelles pour un dialogue stratégique avec l’Union européenne.
"Nous accueillons les nouveaux entrants avec confiance", soulignent les signataires, tout en mettant en garde contre les risques de délocalisation et de perte de valeur ajoutée pour les fabricants européens. Selon eux, une telle régulation permettrait de garantir une concurrence équitable tout en limitant les impacts environnementaux liés à l’importation massive de pièces depuis des pays tiers.
S’inspirer du modèle nord-américain
Les équipementiers européens proposent de s’inspirer de l’accord USMCA (États-Unis, Mexique et Canada), qui impose un seuil minimal de 75 % de pièces locales pour éviter des droits de douane. Dans le cas des véhicules électriques, cette mesure pourrait notamment concerner la production de batteries, un composant clé à forte valeur ajoutée.
"Sans un tel mécanisme, nous risquons une perte majeure de valeur parmi les fournisseurs et les fabricants d'équipements automobiles, ce qui affaiblirait considérablement l'ensemble du secteur", préviennent les industriels.
Une réponse à la montée des constructeurs asiatiques
La montée en puissance des constructeurs chinois en Europe, qui ouvrent progressivement des usines sur le continent tout en continuant à importer des pièces depuis la Chine, est un sujet d’inquiétude majeur pour les acteurs européens. Le patron de Valeo, Christophe Périllat, avait déjà alerté sur ce risque lors du Mondial de l'Automobile de Paris en 2024, rappelant que les constructeurs asiatiques pourraient exploiter cet avantage pour réduire leurs coûts de fabrication.
Le syndicat allemand IG Metall partage cette inquiétude. Bien qu’ouvert aux investissements chinois, il a récemment soutenu la demande d’un mécanisme de régulation pour garantir une concurrence équitable et protéger les emplois européens.
Un secteur stratégique face à des défis multiples
Avec 14 millions d’emplois en jeu en Europe, l’industrie automobile est à un tournant. La transition vers un parc 100 % électrique d’ici 2035, imposée par la Commission européenne, représente une transformation majeure, mais aussi une source de tensions pour la filière. Les plans de suppressions de postes se multiplient, tandis que les objectifs environnementaux exigent des investissements massifs dans l’innovation.
Face à cette double pression économique et écologique, les équipementiers appellent à un effort coordonné de l’Europe pour protéger l’industrie. "Il faut tenir compte de l’impact climatique du transport et de la production de ces équipements, souvent plus polluante en Chine", rappellent-ils.
54 000 emplois supprimés en 2024
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ouvrira ce jeudi un dialogue stratégique destiné à réfléchir à l’avenir du secteur. Ce processus, qui devrait durer plusieurs mois, pourrait aboutir à des mesures renforçant la compétitivité des équipementiers et constructeurs européens.
A noter que les géants allemands Bosch, ZF et Continental n’ont pas signé l’appel des équipementiers. Mais cette initiative n'en témoigne pas moins des inquiétudes croissantes d’un secteur qui joue un rôle clé dans l’économie européenne. Selon le Clepa, les équipementiers automobiles européens ont perdu 54 000 emplois l'an dernier.
Rien qu'en France, la Fiev estime que ses membres ont, depuis 2019, vu leur chiffre d’affaires baisser de 10,1 % et leurs effectifs reculer de 17 %.
Avec AFP.