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Constructeurs

PureTech, airbags, AdBlue, etc. : 2024, l’annus horribilis de Stellantis

Publié le 6 janvier 2025
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Par Mohamed Aredjal
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3 min de lecture
En 2024, Stellantis a traversé une série de crises liées à des défaillances techniques touchant plusieurs de ses modèles. Du moteur 1.2 PureTech aux airbags Takata en passant par les réservoirs AdBlue, retour sur une année mouvementée sur le marché de l'après-vente pour le groupe et ses réseaux.
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Stellantis s'est vu remettre fin 2024 un Cactus de bronze par l'association 60 millions de consommateurs pour l'affaire des airbags Takata défectueux. ©AdobeStock

L’année 2024 s'est terminée difficilement pour le groupe Stellantis. Fin décembre, l'avocat Christophe Lèguevaques, qui porte l'action collective à l'encontre du constructeur au nom de 5 000 propriétaires de véhicules à moteur 1.2 PureTech, a indiqué dans un communiqué qu'il envisage de porter l'affaire en justice.

"Nous avons tenté la voie amiable. […] Nous pensons qu’il est à présent possible de porter plainte directement auprès du parquet de Versailles pour – au moins – les infractions de mise en danger de la vie d’autrui, fraude et manœuvre commerciale trompeuse", annonce Me Christophe Lèguevaques.

Cette action devrait d'ailleurs être étendue à d'autres marchés européens. En effet, l'avocat toulousain a confirmé être en discussion avec des représentants de consommateurs de différents pays (notamment en Espagne, Italie et Belgique) pour permettre à toutes les victimes de s'associer directement à la procédure pénale devant la juridiction française.

1.5 BlueHDi : une chaîne de distribution sous-dimensionnée en cause

C'est donc avec ce nouvel épisode dans le feuilleton du moteur PureTech que s'est achevé l'exercice 2024 pour Stellantis. Une année particulièrement rude dans le domaine de l'après-vente pour le groupe aux 14 marques, confronté à de multiples problèmes techniques majeurs.

En témoignent les nombreux collectifs de consommateurs qui ont vu le jours ces derniers mois sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook. Le 21 octobre dernier, en plein Mondial de l'Auto, le constructeur a dû gérer la colère d'un loueur automobile, Franck Leblanc, qui s'est présenté sur son stand déguisé en vache pour se plaindre des pannes qui ont immobilisé ses véhicules...

Parmi ces défaillances à répétition, figure notamment celles concernant le moteur 1.5 BlueHDi (DV5R), qui équipe de nombreux modèles (C3, C4, C5, 208, 2008, 3008, 5008, DS 3, DS 4, Fiat Ulysse, etc.), produits entre octobre 2017 et janvier 2023. Sa chaîne de distribution sous-dimensionnée est à l'origine de nombreuses pannes : soupapes et culasses endommagées, casses moteur, etc.

En 2023, le constructeur a équipé ses moteurs d’une nouvelle chaîne plus large, atteignant désormais 8 mm. Il a également mis en place une couverture "spéciale" de cinq ans (ou 150 000 km) et a modifié son plan d’entretien en changeant le type d’huile préconisé.

AdBlue : Stellantis plie sous la pression de l’UE

Au-delà des moteurs, Stellantis a également fait face à des défauts affectant plusieurs équipements de ses véhicules. Parmi eux, les airbags fournis par l'équipementier Takata ont évidemment cristallisé de fortes inquiétudes en raison de pièces potentiellement explosives. Ce qui a conduit le groupe à rappeler dans le milieu de l'année quelque 600 000 véhicules dans plusieurs pays européens.

Un rappel d'envergure qui a suscité des mécontentements chez les automobilistes concernés, faute de véhicules de prêt et de pièces de remplacement disponibles. Cette gestion a d'ailleurs été épinglée par 60 millions de consommateurs lors de la 8e édition de ses Cactus, qui distinguent les entreprises qui se sont le plus mal comportées avec leurs clients.

Enfin, le dossier des réservoirs AdBlue a continué d’alourdir le bilan 2024 du constructeur. Ces derniers, équipant plusieurs modèles diesel, ont présenté différents dysfonctionnements ayant généré de multiples pannes. Après un dialogue avec la Commission européenne, Stellantis a d'ailleurs dû étendre, fin décembre, ses mesures d’indemnisation à tous les États membres de l’Union européenne, prenant en charge jusqu’à 100 % des réparations dans certains cas.

2025, un tournant nécessaire pour Stellantis

Face à ces pannes répétées, les réseaux agréés du groupe ont dû gérer leurs interventions dans des délais contraints, accentuant les défis logistiques et humains. D'autant que ces différentes problématiques à l'après-vente ne sont pas sans conséquences sur les autres activités des distributeurs.

"Cette année a été très complexe pour nos ateliers… Mais l'impact sur l'image de nos marques est encore plus important. Le business VO a été notamment affecté sur les modèles concernés, en particulier sur les moteurs PureTech et HDI", confie un concessionnaire Peugeot qui a préféré garder l'anonymat.

Dans ce contexte, Stellantis a cherché à accompagner ses réseaux. Le lancement de plateformes dédiées aux démarches d’indemnisation et la mise à disposition de couvertures spécifiques ont été des étapes essentielles. Rien ne garantit toutefois que ces initiatives suffiront à restaurer l'image du constructeur qui doit amorcer une transition complexe avec le départ précipité de son ancien patron, Carlos Tavares.

Nul doute que 2025 constituera pour Stellantis une année charnière. Pour surmonter ces crises, le groupe devra impérativement repenser sa stratégie industrielle pour optimiser la qualité de ses produits. Parallèlement, une refonte de sa politique après-vente semble indispensable, impliquant une communication plus transparente avec ses clients. Autant de défis que le constructeur devra relever pour tourner la page de ces turbulences.

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