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Equipementiers

Quand le coronavirus grippe la rechange automobile

Publié le 2 mars 2020
Par Mohamed Aredjal
3 min de lecture
Alors que l’industrie automobile subit le contrecoup de l’épidémie de coronavirus, les acteurs du marché de l’après-vente redoutent un effet domino. Les approvisionnements de pièces détachées pourraient bientôt manquer et fragiliser l’activité de plusieurs marchés européens.
Les restrictions de production et la baisse des exportations causées par le coronavirus commencent à peser sur le marché de l’après-vente automobile.

Au fil de la multiplication des foyers de coronavirus, l’épidémie paralyse progressivement le marché automobile mondial. A l’instar de nombreux autres secteurs, l’industrie fonctionne au ralenti depuis quelques jours. Il faut dire que la Chine concentre 40 % de la production automobile internationale. Personne n’est donc épargné et de nombreux équipementiers ont dû stopper leurs usines locales (Valeo, Faurecia, Plastic Omnium, etc.). Idem en Italie où les premiers arrêts de production ont été initiés ces derniers jours. A l’instar du fabricant de produits électromécaniques et électroniques MTA qui vient d’annoncer la fermeture de son usine de production de Codogno, en Lombardie (Italie), à cause de l'épidémie de coronavirus.

Une situation sous contrôle

Dans cet environnement, les approvisionnements de pièces détachées semblent de plus en plus menacés. Le 17 février dernier, Jaguar Land Rover a ainsi évoqué une éventuelle pénurie de pièces en provenance de Chine si la crise durait. Souvent jugé non prioritaire face à l’activité première monte, le marché de la rechange risque, à son tour, d’être concerné par ces ruptures d’approvisionnement. "Il faut s’attendre à un impact en Europe, c’est certain, confirme Philippe Astier, directeur marketing Europe du Sud de Delphi Technologies. Beaucoup d’équipementiers ont des usines dans la région de Wuhan et commencent à se poser des questions."

Même discours chez Continental où Sylvain Bourgeais, responsable de l’activité rechange indépendante, reconnaît que les premières alertes ont été émises ces derniers jours. "Mais nous ne sommes pas encore dans une situation préoccupante. De notre côté, notre production en Chine se limite à quelques composants", ajoute-t-il. Chez Aisin, on ne cède pas non plus au catastrophisme. "Certains composants provenant de Chine pourraient affecter la disponibilité de nos produits pour le futur mais nos usines travaillent sur des solutions connexes pour éviter une pénurie éventuelle de pièces", confie Tanguy Brohée, responsable marketing & communication Automotive Aftermarket de l’équipementier japonais.

Le pire est à venir ?

Si l’approvisionnement des marchés européens n’a donc pas encore été réellement affecté par le covid-19, beaucoup craignent que la situation se dégrade à court terme...  "L’épidémie n’est pas arrivée à maturité et les prochaines semaines pourraient être déterminantes pour la situation européenne", ajoute Tanguy Brohée. Des propos qui font écho à ceux de Julien Volpi, responsable grands comptes pour Mann+Hummel France : "Les stocks restent encore assez élevés en Europe pour le moment mais les premières tensions pourraient se faire sentir prochainement sur le marché. Même si tous les équipementiers ne produisent pas en Chine, ils sourcent parfois chez des fournisseurs qui, eux, y ont des usines".

Plus inquiet, un cadre commercial d’un équipementier mondial, préférant garder l’anonymat, estime que des pénuries pourraient survenir dès mars si l’industrie chinoise reste au ralenti. "La crise du coronavirus a éclaté juste après le Nouvel An chinois pendant lequel les usines sont à l’arrêt. Nos fournisseurs ne seront donc pas à 100 % avant au mieux la mi-mars. De notre côté, nous commencerons à recevoir la marchandise entre mai-juin dans le meilleur des cas. Des ruptures de stock sont donc à craindre et les prix pourraient aussi augmenter", souligne-t-il.

Mobilité réduite pour les commerciaux

Autre dommage collatéral de l’épidémie : les équipes commerciales dont les déplacements ont été circonscrits ces dernières heures. Exemple : Brembo a annoncé ce 24 février que ses salariés résidant en Lombardie ne devaient plus se présenter au siège jusqu’à nouvel ordre. Quant aux voyages nationaux et internationaux, ils ont été suspendus temporairement. Idem pour les vendeurs d’Aisin qui ont reçu la consigne de limiter leurs déplacements dans les "zones à risque" tandis que Denso a recommandé à ses employés d'éviter les aéroports internationaux ou les gares.

Des usines mises à l’arrêt et des vendeurs contraints de rester à quai : nul doute que toute l’industrie automobile mondiale suivra de très près la propagation de cette épidémie qui risque de la tenir en haleine encore de longues semaines.

 

 

 

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