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Contrôle technique

Les motards sont-ils vraiment les bons élèves du contrôle technique ?

Publié le 1 février 2025
Par Florent Le Marquis
3 min de lecture
Avec un taux de contre-visite inférieur à 10 %, les motos sont peu recalées au contrôle technique, contrairement aux autres véhicules de la catégorie L comme les voitures sans permis et cyclomoteurs. Mais les réseaux dressent certains points de vigilance.
Les motos affichent un taux de contre-visites de moins de 10 % pour l'instant. Mais le contrôle n'est pas aussi poussé que celui des VL. ©Motovision/Manuel Abella
Les motos affichent un taux de contre-visites de moins de 10 % pour l'instant. Mais le contrôle n'est pas aussi poussé que celui des VL. ©Motovision/Manuel Abella

"Le boycott, on ne l'a pas vu. Pour nous, c'est un succès." Joël Sanseigne, président du métier contrôle technique de Mobilians, est formel au moment de dresser le bilan 2024 des visites périodiques des véhicules de catégorie L, mis en place le 15 avril dernier.

Huit mois et demi plus tard, un total de 996 906 contrôles ont été effectués sur cette catégorie. Dans le détail, on retrouve 78 % de motos (près de 775 000), 10 % de cyclomoteurs (101 500), ou encore 5 % de voitures sans permis (51 500).

Pour rappel, les véhicules de catégorie L concernés en 2024 étaient ceux mis en circulation avant 2017. En 2025, seront contrôlés les engins immatriculés entre 2017 et 2019, avec pour contrainte de réaliser leur visite au plus tard quatre mois après la date anniversaire de leur première mise en circulation.

11,68 % de contre-visites

Pour 2024, le taux de contre-visites des véhicules contrôlés dans cette catégorie s'élève à 11,68 % (11,53 % de défaillances majeures et 0,15 % de critiques). Dans le détail, les cyclomoteurs (L1) affichent un taux de 20 %, et les voitures sans permis (L6) de 30 %, sur lequel alertent les réseaux. Les motos (L3) sont bien en deçà, à 9,5 %. "Les voitures sans permis sont des mini-voitures, pas des deux-roues, et ont donc beaucoup plus de défaillances possibles", remarque Laurent Palmier, PDG de Sécuritest.

Par ailleurs, l'état des pneumatiques fait partie des principales défaillances relevées pour les deux-roues. "Même s'ils sont les bons élèves, tous les motards n'entretiennent pas leur véhicule comme ils le clament haut et fort", déplore Karine Bonnet, directrice générale de Dekra Automotive.

Bernard Bourrier, PDG de Motovision, ajoute : "Quand certains disent qu'ils regardent leur moto avant de partir à chaque fois, la première chose qu'ils devraient voir est l'état de leurs pneus..." Ce dernier rappelle que le contrôle des deux-roues reste essentiellement visuel. "Les deux-roues ne passent par exemple pas sur le banc de freinage. Nos voisins européens, qui le font, sont à 15-16 % de taux de contre-visites."

Un contrôle difficilement rentable

En 2025, des modifications sont prévues pour le contrôle technique des véhicules de catégorie L. Pour rappel, des consultations publiques ont été ouvertes pour repousser les dates d'entrée en vigueur du céléromètre et du sonomètre (les arrêtés sont attendus prochainement). Le premier, qui devait être utilisé dès juin prochain, le sera finalement en mars 2026. Le second était prévu pour mars 2025, et ne le sera pas avant le 1er juillet.

Pour les centres de CT, ces équipements représentent des investissements importants. "Entre le sonomètre et le céléromètre, cela fait déjà 10 à 12 000 euros d'investissement pour le centre. La moitié des centres achètent aussi une table de levage pour plus de confort. En cumulant les achats, vous arrivez à plus de 20 000 euros ! C'est aussi pour cela que nous avons demandé le report de l'entrée en vigueur du céléromètre à 2026. Cela permet d'étaler les dépenses", développe Laurent Palmier.

Mais pas seulement. "Les délais étaient trop courts et les équipementiers n'étaient pas prêts pour le sonomètre, ajoute Joël Sanseigne. Entre l'approvisionnement, l'homologation, la mise en service, etc. C'était trop juste pour le 1er mars. Ceux qui sont déjà équipés pourront commencer les contrôles, mais il n'y aura pas de sanctions en cas de défaillance. Les données seront seulement remontées à l'OTC pour avoir des statistiques."

Ces investissements onéreux font que le contrôle technique de la catégorie L n'est pas une activité rentable pour les centres. "Les contrôleurs font ces contrôles car c'est leur métier, et qu'un contrôleur sur deux est motard", conclut Laurent Palmier.

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