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Mobilians encadre le recyclage des véhicules électriques

Publié le 28 mai 2024
Par Nicolas Girault
4 min de lecture
Le syndicat professionnel a étudié les bonnes pratiques sur la prise en charge et le recyclage des batteries. Mobilians les définit dans un guide rédigé à partir d’une étude réalisée avec l’Ineris en 2023. Ce cadre concerne évidemment les centres VHU, mais aussi les dépanneurs et réparateurs.
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Jusqu’à maintenant, aucun texte ne réglemente la prise en charge des VE par les centres VHU, ainsi que la dépose de leur batterie et leur revente en PRE. Cette activité devrait prochainement être encadrée, à partir des travaux de Mobilians. ©J2R/NG

Aujourd’hui, seul 1 % des véhicules arrivant en centre VHU (véhicules hors d’usage) sont hybrides ou électriques. Néanmoins, leur part augmente dans le parc et les recycleurs automobiles doivent se préparer à en accueillir  davantage. Pour préparer cette perspective, Mobilians et l’Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques) ont réalisé une étude dédiée pendant 18 mois, en 2023. Ce travail a permis d’identifier les risques liés au démantèlement des VE.

Ce rapport prescrit notamment des normes pour adapter les centres VHU au traitement des véhicules électriques hors d’usage. L'organisation professionnelle les résume aujourd’hui dans un guide de recommandations et de bonnes pratiques. Ce livret de 130 pages vise les recycleurs et autres professionnels de l'automobile. Mais pas uniquement.

Produire de la pièce de réemploi et récupérer de la matière

"Ce guide préparé par Mobilians à destination des professionnels permettra à chacun de s'adapter pour faire face à ces nouveaux défis et que la France devienne ainsi le leader européen en matière de recyclage des voitures électriques et hybrides", précise Patrick Poincelet, président du métier des recycleurs de véhicules hors d’usage de Mobilians.

Concrètement, ce guide permet d’évaluer les investissements humains et matériels nécessaires au traitement de ces nouvelles motorisations, avec un focus particulier sur le recyclage des batteries. Or, celles-ci peuvent souvent connaître une seconde vie. "Dans de nombreux cas, les batteries sont réutilisables. Ce sont souvent les composants annexes qui sont endommagés ou défectueux", observe Laurent Hérail, vice-président du métier recycleurs de Mobilians.

Dans d'autres cas, des cellules ou certains de leurs éléments sont aussi réparables ou remplaçables pour produire de la pièce de réemploi (PRE). Enfin, en dernier recours, les matières – notamment les terres rares – sont récupérables après désassemblage.

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Le document présente également des règles détaillées pour guider les 600 à 800 recycleurs candidats à l'agrément pour traiter les VE. En effet, ceux-ci devront investir de "20 000 à 200 000 euros et davantage, selon l'état de leurs installations pour accueillir les VE et hybrides", estime Laurent Hérail.

Zones d’accueil et de quarantaine

De gauche à droite, Patrick Poincelet (président des recycleurs de Mobilians) et Laurent Hérail (vice-président), exposent à la presse les résultats de l'étude sur la prise en charge des véhicules électriques par les centres VHU

De gauche à droite, Patrick Poincelet (président des recycleurs de Mobilians) et Laurent Hérail (vice-président), exposent à la presse les résultats de l'étude sur la prise en charge des véhicules électriques par les centres VHU. ©Mobilians

La prise en charge des modèles électriques et hybrides n'est, en effet, pas sans risque. "L'emballement de la température d'une batterie est le risque numéro un pour un site VHU traitant les VE", expose Laurent Hérail.

Courts-circuits, surcharges, surdécharges, défauts d'isolement et incendies sont également de possibles dangers pour les opérateurs.

Raisons pour lesquelles les techniciens doivent être habilités pour transporter, stocker et démonter les VE. Ils doivent aussi opérer dans des installations dédiées, avec des outils adéquats.

Le guide dicte précisément les règles d'aménagement et de traitement de ces véhicules avec six étapes à respecter. Parmi elles, des îlots dédiés doivent notamment accueillir leur déchargement. Ces espaces doivent comprendre au maximum trois rangées de 20 m, protégées par des murs coupe-feux ou installées à 6 m minimum d’autres installations. Chacune d'entre elles doit accueillir au maximum six à sept véhicules, espacés d’un mètre au moins. Ceux-ci ne doivent pas y rester plus de 72 heures.

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Ensuite, les véhicules sont ventilés entre zones de quarantaine (en cas de risques) et de stockage. La première ne doit pas les accueillir plus de sept jours. Des caméras thermiques reliées à une alarme sont prévues pour les protéger. En cas d'incendie, une benne étanche avec un système de remplissage d’eau doit permettre d’immerger les véhicules.

La zone de stockage accueille les VE hors d’usage, à raison de dix par rangée de 20 m. Leur stockage ne peut excéder une période de six mois. Ce n'est pas tout : des règles tout aussi strictes régissent les zones de contrôle, de dépose et de stockage des batteries. Au terme du process, les carcasses sont privées de leur chaîne de traction. Elles sont alors traitées comme n'importe quel autre VHU.

S’adapter aux changements réglementaires

L’ensemble de ces règles encadrent donc le travail de revalorisation des batteries par les recycleurs. Mais les réparateurs et fournisseurs sont également concernés par ce guide, notamment lors du transport et du stockage des batteries d'occasion. Ces acteurs ne pourront donc pas faire l'impasse sur certaines recommandations prescrites par le guide de Mobilians.

Précisément, cet ouvrage sera distribué lors du prochain congrès des recycleurs de Mobilians, en juin 2024. "La filière recycleurs a toujours su s'adapter pour faire face aux changements réglementaires, environnementaux et économiques. Ce guide à destination des professionnels permettra à chacun de s'adapter pour faire face aux nouveaux défis avec compétence et confiance", affirme Xavier Horent, délégué général de Mobilians.

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Mais pour certains observateurs de la filière, l’électrification du parc pourrait mécaniquement réduire le nombre de centres VHU dédiés. En effet, tous les recycleurs n’auront vraisemblablement pas les moyens d'adapter leurs installations à ces nouvelles directives. A contrario, ceux qui pourront réaliser ces investissements devraient voir développer leurs activités ces prochaines années. Parmi eux, les plus en avance expérimentent déjà la production de ce type de pièces de réemploi, étudiant jusqu'à leur remanufacturing.

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