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Climate Day : l’aftermarket prend le virage de la décarbonation

Publié le 12 mars 2024
Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Pour la deuxième édition de son Climate Day, tenue à Monaco le 5 mars 2024, Nexus Automotive a réuni les acteurs de l'après-vente pour partager leurs avancées en matière de développement durable. Le remanufacturing et la logistique inversée sont notamment au cœur de nombreux enjeux.
Climate Day Nexus
Peter Lukassen, directeur du développement durable du groupe Bosch, et Marie-Jo Faivre, directrice des opérations d’Alternative Autoparts, ont présenté leur projet pilote visant à améliorer le service logistique du recyclage et du remanufacturing des produits de l’équipementier. ©Nexus Automotive

Il y a un an, Nexus Automotive inaugurait à Montréal (Canada) son Climate Day, avec l’ambition d’éveiller les acteurs de l’aftermarket aux nouveaux enjeux environnementaux. Le 5 mars dernier, à Monaco, le groupement international réunissait de nouveau sa communauté pour la deuxième édition de son rendez-vous consacré à la décarbonation du secteur. Les équipementiers, distributeurs et autres acteurs de la filière invités ont pu faire le point sur leurs avancées en matière de développement durable. Premier constat : les initiatives semblent se structurer au sein de la filière.

Le FAAS dévoile ses ambitions

Un mouvement illustré par l’éclosion du FAAS (Forum on Automotive Aftermarket Sustainability), l’été dernier. L’association soutenue par le Clepa (l’association des équipementiers européens) et la Figiefa (l’association européenne des distributeurs de pièces de rechange) entend établir une plateforme permettant aux acteurs du marché de l'après-vente automobile d’échanger leurs idées et pratiques autour du développement durable.

Elle fédère aujourd’hui 18 fournisseurs, 15 distributeurs (dont Nexus Automotive) et 5 organisations professionnelles. Coprésident de son conseil d'administration, Michael Boe a profité du Climate Day pour présenter les actions du FAAS. Ce dernier a notamment révélé que cinq groupes de travail ont déjà été initiés avec différents objectifs.

Parmi eux, l’association entend réaliser une étude sur l'empreinte carbone du secteur ainsi qu’une analyse du marché du remanufacturing. Le FAAS veut aussi mettre au point une méthodologie pour calculer l'empreinte carbone des produits de la filière. Enfin, un dernier focus sera consacré à la logistique, avec l’ambition de déterminer les pratiques qui pourraient accélérer la décarbonation de la supply chain de l’aftermarket.

La "reverse" logistique, défi de l’économie circulaire

En attendant les contributions du FAAS, plusieurs équipementiers ont déjà mis en œuvre plusieurs actions pour verdir leurs activités, notamment au travers de POC (proof of concept ou preuve de concept en français).

Sur la scène du Climate Day, les équipementiers Phinia (Brian Bailey), Stellantis (Sylvie Layec), Bosch (Peter Lukassen), Valeo (Marlène Carrias Iked), SKF (Andrej Paternoster) se sont succédé pour présenter leur trajectoire de décarbonation. Du côté des distributeurs, Europart (Olaf Giesen) et Alternative Autoparts (Marie-Jo Faivre) ont également partagé leur expérience.

Une grande part de ces interventions se sont notamment concentrées sur le remanufacturing. À l’instar du groupe Phinia qui entend générer 10 % de ses ventes en seconde monte grâce à ses pièces reconditionnées. L’équipementier américain compte aujourd’hui six sites industriels dédiés à la remise à neuf de ses organes.

Avec l’essor du remanufacturing, le sujet de la "reverse" logistique commence d’ailleurs à prendre de l’ampleur. La gestion des flux provenant du consommateur en direction du fabricant représente, en effet, un véritable défi pour les équipementiers. Selon Matthieu Simon du cabinet Roland Berger, la logistique inversée intervient à chaque étape du cycle de l’économie circulaire, avec l’objectif de réduire les pertes et de réitérer les boucles aussi souvent que possible.

Bosch avance sur le remanufacturing avec Alternative Autoparts

Pour optimiser au mieux ces boucles, Bosch et Alternative Autoparts ont mené, au cours des douze derniers mois, un projet pilote. Leur objectif : améliorer la chaîne logistique de collecte des pièces usagées, dans le cadre de la stratégie d’économie circulaire de l’équipementier allemand. Les pièces usagées sont récupérées auprès des ateliers participants par leur distributeur avant d’être collectées par C-ECO, filiale du groupe Bosch spécialisée dans la logistique circulaire.

L’expérience a permis d’identifier une cinquantaine de garages en région parisienne prêts à contribuer à ce pilote sur les gammes essuyage et bougies. "Nous avons un important travail de pédagogie à mener auprès des réparateurs. Ils participent déjà au recyclage des lubrifiants, pneumatiques et produits chimiques, mais ils doivent étendre cette pratique à de nouvelles pièces", indique Marie-Jo Faivre, directrice des opérations d’Alternative Autoparts.

A lire aussi : Matthieu Simon, Roland Berger : "Améliorer les flux de l'aftermarket pour réduire son bilan carbone"

De son côté, Peter Lukassen, directeur du développement durable du groupe Bosch, a précisé que les matériaux récupérés et recyclés seront notamment destinés à la production de nouveaux produits. Disposé à étendre ce pilote à d’autres marchés pour en faire un "standard", l’équipementier allemand précise que la "reverse logistique" implique toutefois un enjeu économique. "Nous devons identifier les pièces pour lesquelles ce modèle présente un équilibre économique", confirme Peter Lukassen.

Un audit RSE pour les garages

Si les acteurs du marché de la rechange semblent avoir engagé leur transition écologique, reste à mesurer les résultats de leurs actions. Pour accompagner les réparateurs dans ce domaine, Nexus Automotive s’est saisi de ce sujet en créant "AA Repair For Good". Il s’agit d’une matrice fixant tous les facteurs liés au développement durable dans un garage (efficience énergétique, économie circulaire et engagement social).

Initié avec le groupe espagnol Serca, qui anime quelque 1 500 garages, ce projet a abouti à la création d’un audit permettant d’évaluer la performance RSE des ateliers. Douze ateliers NexusAuto ont déjà été audités de l’autre côté des Pyrénées. Nexus Automotive souhaite, désormais, déployer cet audit sur l’ensemble de ses marchés afin d’en faire un standard dans la réparation automobile. Il sera notamment mis en œuvre en Italie où le groupement a pour objectif de cibler les grands comptes.

Le réseau Nexus Automotive évalué à 35/100 par Inteliam

Outre les garages, les équipementiers et distributeurs sont également confrontés à de nouveaux impératifs de durabilité. Il faut dire que la réglementation est de plus en plus exigeante sur les responsabilités sociétales et environnementales des grandes entreprises. Pour aider les opérateurs de la filière à évaluer leurs performances dans ces domaines, le cabinet Inteliam a promu, lors du Climate Day, son service d’audit et de certification adapté aux spécificités de l’aftermarket.

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"Nous pouvons ainsi leur fournir des mesures objectives et leur recommander des benchmarks pour bâtir leur plan d’action", précise Antoine Soulier, cofondateur et directeur général d’Inteliam. Les adhérents Nexus Automotive se sont d’ailleurs prêtés au jeu. Résultat : la performance durable du groupement atteint 35/100. Seuls 20 % des distributeurs audités ont obtenu une notation comprise entre 50 et 100. Mais pour Hamza Sibai, cofondateur et directeur technique de la technologie d’Inteliam, ce score n’est pas important : "Ce qu’il faut souligner, c’est que de grandes opportunités se présentent pour 80 % des membres Nexus".

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