Comment les capteurs virtuels de Compredict transforment la maintenance automobile

A l'origine de Compredict, il y a le constat simple mais frappant de Stéphane Foulard, son CEO  : "Chaque véhicule produit entre 10 000 et 30 000  données, dont une grande partie reste inexploitée." Au cours de ses recherches lors de son double doctorat, il a découvert le potentiel des capteurs virtuels appliqués aux automobiles.

Avec son collaborateur Rafael Fietzek, aujourd'hui CTO de Compredict, il a développé un algorithme capable d'exploiter ces données pour remplacer certains capteurs physiques. Ce procédé permet de réduire les coûts de fabrication, mais aussi de limiter l'usage de terres rares et d'enrichir les analyses des véhicules grâce à l'intelligence artificielle.

Le concept repose sur le traitement informatique des données générées par les capteurs encore présents dans le véhicule. En analysant ces informations en temps réel, les capteurs virtuels fournissent des indications précises sur des fonctions clés, comme l'état des pneus ou le freinage, sans nécessiter d'intervention mécanique directe.

Renault, un allié stratégique

Séduit par le potentiel de Compredict, Renault a décidé de soutenir la start-up, via son incubateur Software République. En septembre 2023, le constructeur a scellé un accord commercial avec la jeune pousse pour équiper les marques Renault, Dacia et Alpine jusqu'à la fin de la décennie.

"Ce partenariat s'inscrit dans la volonté de Renault Group de rechercher les solutions les plus en pointe en termes de technologies de ses véhicules connectés, toujours au service de l'humain. Nous avons ici une démonstration claire de ce que l'IA peut apporter en termes de services au quotidien", indiquent les équipes du groupe au losange. L'innovation des capteurs virtuels repose entièrement sur le traitement informatique des données, sans intervention mécanique directe.

L'algorithme analyse en temps réel les informations provenant des capteurs traditionnels et des systèmes mécaniques. Une technologie qui offre de nombreux avantages, selon le constructeur : "Après avoir évalué différentes options, Compredict s'est avérée comme la solution qui répondait avec la meilleure précision au plus grand nombre de cas d'utilisation. Nous pourrons offrir des services innovants qui permettront à nos clients d'avoir des indications précises sur des fonctions clés, comme l'état des pneus ou le freinage, pour toujours s'assurer du meilleur niveau de performance de leurs véhicules et, le cas échéant, les inviter à prendre rendez-vous pour un contrôle."

Pour valider cette solution, plusieurs milliers de kilomètres d'essais ont été réalisés en conditions réelles. Ce déploiement à grande échelle représente un défi majeur pour le constructeur, mais il est perçu comme une étape clé vers une nouvelle ère de maintenance proactive.

Un avenir prometteur pour les conducteurs et les ateliers

Cette technologie devrait révolutionner l'entretien des véhicules, tant pour les conducteurs que pour les réseaux de réparation. Grâce aux algorithmes de Compredict, les ateliers pourront anticiper les besoins de maintenance. Un diagnostic à distance permettra ainsi d'identifier les éventuels problèmes avant même que le véhicule n'arrive à l'atelier.

"Par exemple, le service de maintenance connectée utilisant les algorithmes Compredict va permettre à notre réseau de pouvoir capter directement l'information du véhicule du client, et donc de l'accueillir et de le conseiller plus efficacement." Les bénéfices sont multiples : gain de temps, réduction des coûts pour le conducteur, et optimisation des flux pour les ateliers.

Pour exploiter pleinement les possibilités offertes par cette technologie, les réseaux doivent évidemment s'adapter en se dotant de nouveaux outils. "Notre réseau va bientôt pouvoir proposer du diagnostic à distance automatisé, et renforcer ainsi notre capacité à anticiper une éventuelle intervention avec une lecture à distance des signaux du véhicule." Au sein du groupe français, on s'enthousiasme du temps gagné avec l'analyse de ces données, "au bénéfice de tous : client, réseau et constructeur".

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3 questions à Stéphane Foulard, CEO de Compredict

Vous avez noué un partenariat avec Renault prévoyant l'intégration de vos capteurs virtuels dans plus de 10 millions de véhicules d'ici à 2030. Quels bénéfices dans le domaine de l'après-vente le constructeur et ses clients en tireront-ils ?

Les capteurs virtuels peuvent créer de la valeur pour le marché de l'après-vente automobile en général. Ils permettent en effet d'optimiser les opérations d'après-vente en identifiant les besoins réels en maintenance. Les interventions sont mieux ciblées, ce qui réduit les coûts et le temps d'attente pour les clients. Ces derniers bénéficient d'une maintenance personnalisée, adaptée à l'utilisation réelle de leur véhicule, prolongeant la durée de vie des composants et minimisant les pannes imprévues. Nous sommes donc convaincus que cette collaboration avec Renault peut contribuer à offrir des solutions innovantes, fiables et centrées sur le client.

Comment Compredict intègre-t-elle l'IA dans ses solutions pour optimiser les processus de maintenance et de réparation ?

L'IA est au cœur des solutions développées par Compredict. Elle transforme les données brutes des véhicules en informations exploitables grâce à des algorithmes avancés d'apprentissage automatique. Nous combinons des approches basées sur la physique et l'ingénierie automobile. Nos capteurs virtuels évaluent individuellement les scénarios de conduite réelle et les conditions d'utilisation spécifiques au conducteur. Contrairement à d'autres solutions qui nécessitent une collecte centralisée des données à l'échelle de la flotte, cette IA fonctionne directement au sein du véhicule.

Dans quelle mesure l'analyse des données des véhicules connectés peut-elle éviter les pannes avant qu'elles ne surviennent ?

Les données des véhicules connectés offrent un potentiel transformateur en matière de maintenance proactive et de prévention des pannes, permettant d'obtenir des informations à la fois prédictives et prescriptives. En mesurant en continu les niveaux de contrainte des composants, nos capteurs virtuels détectent précocement les anomalies ou les surcharges, évitant ainsi des pannes coûteuses ou "immobilisantes". Les interventions sont planifiées en fonction de l'état réel des composants plutôt que sur des échéanciers fixes, réduisant les interruptions imprévues et augmentant la disponibilité des véhicules.