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Rechange

Florence Bailleul (Indra) : "Le secteur du VHU est en passe de se consolider"

Publié le 15 octobre 2024
Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Indra Automobile Recycling, désormais filiale de The Future is Neutral, vise une transformation ambitieuse de ses centres VHU. Florence Bailleul, directrice générale, revient sur cette évolution stratégique, les enjeux de la consolidation du secteur et le rôle clé de l’économie circulaire dans l’automobile.
Florence Bailleul Directrice Générale Indra
Pour Florence Bailleul, directrice général du réseau Indra : "L'acquisition de nouveaux centres VHU est essentielle pour répondre aux exigences croissantes du marché". ©Indra

Le Journal de la Rechange et de la Réparation : Indra Automobile Recycling n’est plus désormais une filiale des groupes Renault et Suez mais de The Future is Neutral. Concrètement, qu’est-ce que ça change pour vos centres VHU ?

Florence Bailleul : C'est toute la difficulté de notre communication actuelle car, sur le plan stratégique et opérationnel, à court terme, cette opération ne change rien. Notre stratégie est confirmée et renforcée puisqu’elle a été construite par Suez et The Future is Neutral, qui avait déjà remplacé le groupe Renault à notre capital depuis déjà plus de deux ans.

Notre arrivée au sein de The Future is Neutral confirme notre ambition d'être multimarque et d’intégrer un écosystème renforcé. Nous allons accéder à davantage de moyens financiers et de compétences. Ce qui nous permettra notamment d'accélérer notre plan d'acquisition et de développement, en participant ainsi à la consolidation et à l'industrialisation de cette filière.

Demain, nous allons enrichir, grâce à The Remakers, notre portefeuille d'une offre de produits rénovés, que nous ne proposions pas jusqu'à présent. C’est une énorme opportunité de développement pour nos centres dont l’activité autour de la pièce issue de l'économie circulaire est déjà forte.

Autre point important : cette opération va accélérer la montée en puissance des boucles de recyclage. Nous avons déjà travaillé avec le groupe Suez sur certains éléments de la collecte et du recyclage des matières.

Force est de constater que pour réaliser des boucles de recyclage en circuit fermé dans l'automobile, il faut vraiment pouvoir massifier la collecte, optimiser la chaîne du traitement des VHU et favoriser une montée en gamme des produits recyclés.

Dans cette perspective, Indra apporte, de son côté, une vision sur la gestion des VHU en France, avec une position forte de tête de réseau. Nous jouons déjà un rôle de prestataire pour les assureurs et pour les constructeurs. Nous proposons notamment des compétences de formation, d'accompagnement à l'écoconception, d'étude et de mise en place de solutions pour les centres VHU et pour les acteurs de la filière.

 

J2R : Indra Automobile Recycling vise donc l'acquisition de nouveaux sites. Combien de centres souhaitez-vous reprendre ? 

F. B. : Nous avons pour objectif d'acquérir entre 10 et 20 sites en France. Je ne peux pas vous répondre avec précision car ce sujet ne dépend pas que du nombre de centres mais aussi de leur taille et de leur potentiel. Avec déjà dix implantations, nous pouvons potentiellement disposer d’une couverture géographique avec une influence régionale intéressante.

 

J2R : Ces acquisitions seront-elles réalisées dans le réseau Indra ?

F. B. : Elles pourront être réalisées dans le réseau ou en dehors, nous n’avons pas de priorité particulière. Notre objectif est de maintenir un maillage étendu dont certains sites seront la propriété d'Indra.

 

J2R : Quelles raisons vous motivent à intégrer ces centres VHU ?

F. B. : Ce marché est en pleine transformation, ce qui requiert de plus en plus de moyens. Le secteur est en passe de se consolider, pas seulement sous l'effet de notre action, mais en raison d’un nombre d'investissements qui s’accélère.

C’est un marché qui se prépare aussi à fournir des constructeurs au niveau européen puisque la loi Agec constitue les prémices de la directive européenne qui va arriver.

C’est la raison pour laquelle il était important de renforcer les positions d’Indra en travaillant de plus en plus à la structuration du réseau avec des sites plus performants et plus industriels, qui peuvent offrir un niveau de qualité qui correspond aux attentes du marché. Parmi elles, il y a notamment un véritable enjeu autour de la massification de la collecte de la matière nécessaire qui sera réinjectée dans la fabrication automobile.

On assiste donc à un nouveau contexte global de marché avec un changement de la dynamique et de la réglementation en France, mais aussi dans de nombreux autres pays européens. Ce phénomène de massification est perceptible en Hollande, en Belgique, en Italie, etc.

 

J2R : Les centres VHU Indra répondent-ils à ces nouvelles exigences ?

F. B. : Le réseau Indra est composé d'acteurs de plusieurs niveaux, qualifiés pour pouvoir répondre aux exigences des différents contrats. Nous les accompagnons pour qu'ils puissent répondre à ces attentes. Si certains sont déjà prêts, d’autres travaillent à se mettre en ordre de marche et investissent. Exemple : quand des cahiers des charges imposent d'avoir tout le dispositif nécessaire au traitement des véhicules électriques, nous les aidons dans leurs études, dans l'acquisition de matériels et le déploiement de solutions adaptées.

 

A lire aussi : Recyclage automobile : vers un essor de la filière illégale ?

 

J2R : Vous évoquez une future consolidation du secteur en France. Combien de centres VHU disparaitront, selon vous, à l’issue de cette phase ?

Il y a environ 1 700 centres agréés aujourd'hui en France. Nous estimons que 800 à 900 sites ont suffisamment investi pour pouvoir passer la première étape.

F. B. : Il est très difficile de faire des projections pour la suite car un certain nombre de centres sont en train d'être achetés. Il faudrait refaire le point dans un an ou deux.

 

J2R : Le marché français a assisté à l’arrivée en 2023 du groupe Autocirc qui a signé plusieurs acquisitions de déconstructeurs. Quel regard portez-vous sur l’arrivée de ces acteurs étrangers ?

F. B. : Comme dans beaucoup de métiers, lorsqu’un grand nombre d'acteurs investissent dans une filière, celle-ci se structure et construit de nouveaux standards. De la même manière, nous sommes dans une logique d’internationalisation et de consolidation en dehors du marché français pour accompagner nos clients. Nous sommes plusieurs acteurs à partager la même vision, à savoir que le marché européen va se concentrer pour accompagner les donneurs d'ordres qui sont eux-mêmes européens, du moins pour les constructeurs. Du côté des assureurs, qui évoluent dans un environnement national plus spécifique, on assiste aussi à des convergences. Ils réalisent beaucoup de benchmarks et cherchent notamment des solutions qui pourraient être dupliquées d'un pays à l'autre.

 

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J2R : Où en est l’entrée en vigueur de la loi Agec ? Attendez-vous toujours l’arrêté relatif aux données des filières à responsabilité élargie des producteurs ?

F. B. : Nous l'attendons toujours. Nous travaillons donc sur les éléments qui nous sont déjà connus en dehors de cet arrêté. Il y a notamment l'existence du système Syderep, animé par l'Ademe, qui va perdurer je pense. Je ne vois pas d'autres solutions pour 2025, en tout cas, tout le monde converge dans ce sens. En attendant donc cet arrêté qui permettra de prendre le relais avec les systèmes individuels et éco-organismes.

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