Luca de Meo quitte Renault : quel héritage à l’après-vente ?

Le communiqué est tombé un dimanche soir. Renault a officialisé le départ de son directeur général, Luca de Meo, qui quittera ses fonctions le 15 juillet 2025. À 58 ans, le dirigeant italien a choisi de mettre un terme à une aventure industrielle entamée début 2020 pour "relever de nouveaux défis hors du secteur automobile".
"Nous avons fait ce que beaucoup pensaient impossible. […] Je quitte une entreprise transformée, tournée vers l’avenir, afin de mettre mon expérience au service d’autres secteurs", a-t-il confié dans le communiqué du groupe. Selon plusieurs médias, Luca de Meo serait en discussions avancées pour rejoindre le groupe Kering, sans confirmation officielle à ce stade.
Le conseil d’administration de Renault, réuni par son président Jean-Dominique Senard, a entériné cette décision et activé le plan de succession prévu. En attendant la nomination d’un nouveau directeur général, de Meo assurera la continuité jusqu’à son départ. Le groupe souligne la solidité de son équipe de direction et entend poursuivre la transformation stratégique amorcée ces dernières années.
Renaulution : une rupture salutaire ?
Luca de Meo était arrivé chez Renault dans un moment critique, après plusieurs années de turbulences managériales et financières. Dès janvier 2021, il déploie le plan "Renaulution", une feuille de route ambitieuse visant à réorganiser le groupe autour de trois priorités : redresser les comptes, renouveler la gamme et préparer la transition technologique.
En l’espace de quatre ans, la gamme Renault est métamorphosée, avec des modèles comme la R5 électrique ou le nouveau Scenic, tous deux élus voiture de l’année. L’Austral, le Rafale et le Symbioz permettent au constructeur de monter en gamme. En 2024, les segments C et supérieurs représentent plus de 40 % des ventes européennes, un niveau jamais atteint jusqu’alors.
Sur le plan industriel, de Meo opte pour une électrification pragmatique. Il privilégie les alliances industrielles, comme avec AESC Envision pour la fourniture de batteries, plutôt que les lourds investissements dans des "gigafactories". Il lance également la filiale Ampere, dédiée au véhicule électrique, projet qu’il renonce finalement à introduire en Bourse.
Ce recentrage stratégique contribue à assainir les comptes : Renault a dégagé en 2024 un chiffre d’affaires de 56,2 milliards d’euros (+7,4 %) et une marge opérationnelle de 7,6 %, proche du record établi en 2023.
L’après-vente en version durable
Sous l’impulsion de Luca de Meo, l’après-vente est devenue un levier stratégique pour Renault Group. Dès son arrivée en 2020, le dirigeant a inscrit la notion de durabilité au cœur de la Renaulution, misant sur les secondes et troisièmes vies du véhicule. À Flins, la Refactory s’est imposée comme un modèle industriel de l’économie circulaire, tandis que l’entité The Future Is Neutral, ouverte au capital de Suez, incarne cette ambition à l’échelle sectorielle. Autre illustration de cet objectif : le récent lancement de Refresh, une nouvelle gamme de forfaits pensée pour les véhicules anciens.
Enfin, pour couvrir au mieux les besoins du parc roulant, le constructeur a également capitalisé sur sa business unit Motrio. Le déploiement du réseau de garages multimarques s’est accéléré, notamment à l’international, avec des ambitions renforcées dans la carrosserie.
Parmi les autres faits notables du mandat de Luca de Meo dans le domaine de l’aftermarket, Renault a également fait de la digitalisation un sujet prioritaire. Le constructeur a notamment transformé l’expérience client en atelier avec le déploiement du Digital Care Service et l’intégration de Fixter dans son écosystème numérique.
Quel successeur pour Luca de Meo ?
Avec ce départ, Renault doit écrire un nouveau chapitre. Le plan stratégique "Futurama", que de Meo devait initialement présenter dans les mois à venir, pourrait ne jamais voir le jour sous sa forme initiale.
Plusieurs noms circulent déjà pour lui succéder. En attendant, le groupe peut s’appuyer sur une base solide, une gamme rajeunie et des finances assainies. Reste désormais à savoir si son futur patron saura entretenir cette dynamique.