La FNA défend réparateurs et consommateurs au Sénat
La FNA a demandé la mise en place d’un modèle automobile durable en s’appuyant sur les artisans indépendants. Le syndicat professionnel a défendu cette position le 9 avril 2025, devant la mission du Sénat consacrée à l'avenir de la filière automobile. "Les artisans de l’automobile sont le maillon vivant, enraciné et indispensable de la filière. Il est urgent de replacer les services automobiles au cœur de toutes les politiques publiques : formation, réparabilité, équité numérique, fiscalité et mobilités durables", leur a rappelé Aliou Sow, secrétaire général de la FNA.
Mieux tenir compte de l’après-vente
Au-delà de la défense des seuls artisans, les responsables syndicaux présents – Bruno Choix, Émilie Repusseau et Aliou Sow – ont défendu le principe de neutralité lors de la prise de décision sur les choix technologiques, en s'appuyant sur des données objectives, plutôt que sur des positions dogmatiques. Objectif : garantir l’intérêt de la majorité des automobilistes et la protection de l'environnement, à rebours de certaines décisions prises ces dernières années à Bruxelles et Paris. Un discours déjà tenu devant la Commission européenne, en mars dernier.
Partant de ce principe, les représentants de la fédération ont demandé que le rôle de l’après-vente soit mieux pris en compte dans les réformes orientant la filière – y compris dès la conception des véhicules. Cela, alors que jusqu’à maintenant les politiques nationales et européennes ont plutôt concentré leurs efforts sur la production de véhicules neufs (VN) et les "mobilités du futur"… En s'éloignant parfois de la réalité quotidienne des automobilistes.
Or, pour assurer la maintenance des véhicules et éviter que leur vieillissement n’entraîne une hausse de la pollution dès maintenant, l’organisation a souligné une nouvelle fois l’importance des artisans sur le terrain. "Nous demandons que les politiques publiques cessent d’ignorer les 140 000 entreprises artisanales de l’aval de la filière. Elles sont un maillon essentiel de la transition écologique et sociale. Sans elles, pas de mobilité durable, pas de réponse de proximité pour les Français", a martelé Bruno Choix, président de la branche Maintenance-Vente de la FNA.
Rôle croissant des réparateurs indépendants
Plus concrètement, l'organisation patronale rappelle que les réparateurs indépendants prennent en charge plus de 70 % des entrées en atelier de véhicules de plus de cinq ans. Ils endossent ainsi plus de 34 % du chiffre d'affaires du marché de l’après-vente (d'environ 19 milliards d'euros en 2024 d'après TCG Conseil/Mobilians). Enfin, ils bénéficient d'un taux de fidélisation de 85 % de la part des automobilistes.
De surcroît, à l'avenir, l’évolution du parc roulant devrait encore accentuer leur rôle dans le contexte de son électrification et de la transition écologique. Certains d'entre eux – notamment les carrossiers – commencent à prendre progressivement en charge les véhicules électriques (VE) dès aujourd'hui. Mais surtout, tous entretiendront et dépollueront encore les véhicules thermiques roulant bien après l'électrification intégrale des VN, programmée pour 2035…
En effet, la FNA rappelle que de multiples facteurs devraient encore accentuer le vieillissement du parc actuel. Ainsi, la hausse des prix des VN (de +45 % depuis 2015) les place hors de portée des bourses d’un nombre croissant de ménages, favorisant les VO. Tandis que les ventes de VE sont encore pénalisées par une fiscalité instable, des infrastructures de recharge insuffisantes (en logement collectif et en zone rurale), ainsi que par les incertitudes sur leur réparabilité et leur durée de vie.
Au nom du réalisme, la FNA réclame donc d'abord aux sénateurs de garantir la réparabilité réelle du parc roulant. Ensuite, le législateur devrait faciliter l’accès aux informations techniques des constructeurs et aux pièces détachées. Dans ces conditions, les réparateurs indépendants pourront continuer de réparer les véhicules, y compris ceux connectés et les électrifiés. On éviterait alors les effets pervers d’une concentration du marché dans les seuls réseaux des constructeurs.
Les leviers d’une transition énergétique réaliste
Parallèlement, l’organisation prône la création d’un indice de réparabilité spécifique à l’auto, notamment pour les VE. Celui-ci informerait les automobilistes sur la facilité à entretenir ou à réparer un véhicule plutôt que de le remplacer. En s’inspirant d’un projet semblable pour l’électronique grand public, on éviterait que la voiture devienne jetable et donc un "non-sens écologique".
Pour mettre en place un modèle automobile durable, la FNA recommande de réviser les incitations financières, les aides existantes et les réglementations. L’objectif est de donner les moyens aux artisans de monter en compétences, via la formation initiale et continue – en entretenant aussi une politique ambitieuse d'enseignement technique professionnel. D’après le syndicat, celle-ci constitue l’un des leviers incontournables – avec les aides à la réparation et à la recyclabilité des batteries – pour permettre aux artisans d’animer la transition énergétique.
Enfin, la FNA fait également partie des syndicats professionnels défendant une réforme des ZFE (zones à faibles émissions) plus pragmatique et soutenable. Celle-ci reposerait sur l'introduction d'un "éco-pass" certifiant les véhicules réparés et entretenus par des réparateurs qualifiés. Ceux-ci maintiendraient leurs performances environnementales à un niveau identique ou proche de celles de leur état neuf.
Enfin, la fédération salue la récente orientation, plus pragmatique, de la Commission européenne. D'après elle, si celle-ci confirme sa neutralité dans les choix technologiques, on pourrait même voir l'autorisation de la vente de véhicules utilisant des carburants de synthèse ou biocarburants, aux côtés de l’électrique après 2035.
Fort de son expérience de terrain, la FNA promeut le pragmatisme en demandant de laisser le choix aux consommateurs selon leurs moyens et besoins. Globalement, elle rappelle aux sénateurs la nécessité de stimuler toutes les filières industrielles dans une logique de synergie. Plus simplement, ce réalisme du syndicat semble viser à accorder les ambitions environnementales d'un côté, avec les limites techniques, budgétaires et contraintes de la société de l'autre… Juste du bon sens.