Rarement un anniversaire aura eu autant de portée symbolique. Equip Auto a vu le jour en 1975 dans un contexte où la filière automobile connaissait une transformation profonde. Depuis, le salon n’a cessé d’accompagner les mutations qui ont marqué l’aftermarket. Au fil des décennies, l’événement a su incarner un point de rencontre entre industriels, distributeurs, réparateurs et acteurs institutionnels.
"Equip Auto, c’est une histoire collective, construite avec et grâce à nos partenaires, exposants et visiteurs", rappelle Philippe Baudin, président du salon. Pour lui, cette 50e édition doit conjuguer mémoire et innovation. "On veut montrer que nous restons fidèles à notre ADN, tout en nous réinventant."
Trois ans après une édition 2022 qui avait marqué la reprise post-Covid, l’ambition est claire : projeter Equip Auto dans une nouvelle ère. "Nous avons construit cette édition en nous nourrissant des retours de nos grands comptes et en dialoguant avec l’ensemble de la filière. Le 50e anniversaire nous donne une responsabilité supplémentaire : il fallait être à la hauteur des attentes", affirme Aurélie Jouve, directrice du salon.
Un format renouvelé et des ambitions élargies
Raison pour laquelle cette édition 2025 voit grand. Au total, le salon se déploiera sur cinq pavillons, soit une surface de 100 000 m², contre 80 000 m² lors de l’édition précédente à Paris. "La bonne nouvelle, c’est que le salon a fait le plein. Quand on fait le tour du plateau, on a quasiment tout le monde, à de très rares exceptions", se félicite Philippe Baudin.
Côté visiteurs, plus de 100 000 professionnels sont attendus, dont une majorité de décisionnaires, confirmant le rôle stratégique du salon pour les échanges commerciaux. "On perçoit une vraie progression depuis 2017 et 2019. L’édition 2022 était qualitative mais sans l’international. Cette fois, nous avons franchi un cap avec plus de 50 % d’exposants internationaux et 34 pays représentés", précise Aurélie Jouve.
Autre priorité du salon : refléter toute la diversité de la filière mais aussi du parc roulant. Ainsi, aux côtés des habituels véhicules légers, poids lourds et utilitaires, l’accent sera aussi mis sur les deux et trois-roues motorisés ainsi que les véhicules sans permis, désormais soumis au contrôle technique. Au total, quatorze secteurs seront représentés, de la carrosserie au vitrage, en passant par les services financiers et digitaux, la distribution de pièces, l’outillage et les solutions de mobilité.
Huit villages thématiques pour structurer la visite
Dans les allées, la direction d’Equip Auto a choisi de renforcer la lisibilité de l’offre avec huit villages thématiques. Certains sont déjà bien connus : le Village Carrosserie, Peinture et Vitrage rassemblera abrasifs, peintures, fabricants de cabines, produits de filtration ou encore spécialistes du débosselage. Le Village Univers VO, qui célèbre ses dix ans, s’étendra sur 1 200 m² et réunira 60 marques actives dans le remarketing automobile, de la logistique à la data en passant par le financement.
Le Village Économie circulaire prend de l’ampleur. Anciennement dédié au réemploi, il couvre désormais remanufacturing et recyclage, dans un contexte marqué par la mise en place de la responsabilité élargie des producteurs VHU. Les batteries des VE y occuperont une place croissante, avec des débats sur leur démantèlement et leur valorisation.
Le Village Start-up sera de retour, offrant une vitrine aux jeunes pousses de la mobilité et facilitant leur rencontre avec investisseurs et industriels. "C’est un lieu où des solutions nouvelles émergent, mais aussi un espace qui permet de sensibiliser les réparateurs à la transformation digitale", rappelle la directrice de la biennale.

Les équipes de Syner'J Media participeront à l’animation éditoriale du salon avec plusieurs conférences prévues au sein de l’Equip Auto Arena. ©Equip Auto
De nouveaux villages font leur apparition. Le Village du Pneu et de l’Innovation sera consacré à un enjeu central de l’après-vente : le pneumatique, première raison d’entrée en atelier pour les véhicules électrifiés. Un espace d’animation mettra en avant l’intégration d’une puce RFID dans les pneus, technologie que les manufacturiers souhaitent généraliser d’ici 2028. Le Village de la Tech sera, quant à lui, dédié au software defined vehicle (SDV), à l’intelligence artificielle et aux innovations digitales.
Il proposera en extérieur un espace de démonstrations, complété par la Tech Academy. Enfin, le Village des Énergies rassemblera énergéticiens et spécialistes des infrastructures de recharge, tandis que le Village Avenir sera consacré à l’emploi et à la formation.
Une innovation omniprésente
Au-delà de la structuration sectorielle, l’innovation sera le fil conducteur de cette édition anniversaire. "Rien de vraiment nouveau par rapport aux éditions précédentes, sinon une exigence accrue parce que c’est la 50e et qu’on sait qu’il y aura du monde", complète Philippe Baudin. La Tech Academy concentrera une grande partie de ce contenu. Pendant cinq jours, elle accueillera des conférences, keynotes et pitchs consacrés aux évolutions technologiques.
Les thèmes retenus reflètent les priorités du marché : cybersécurité, ultraconnectivité, réemploi des batteries, calibration des capteurs Adas, droit d’accès aux données des véhicules, évolution des logiciels d’atelier. Des focus spécifiques, comme une matinée consacrée aux technologies d’éclairage avancées, viendront compléter ce programme.
N’oublions pas de citer les conférences organisées dans l’Equip Auto Arena, au cœur du hall 1, qui accueilleront de nombreux experts tout au long de la semaine autour de nombreux sujets d’actualité pour les réparateurs.
Enfin, les Grands Prix internationaux de l’innovation automobile, créés en 1985, fêteront leurs 40 ans. Neuf catégories récompenseront les lauréats, avec une nouveauté : un prix spécial RSE. À ces temps forts s’ajoute l’exposition "(R)évolution", installée dans le pavillon 7, qui retracera 50 ans d’innovations majeures de l’aftermarket à travers 50 personnalités et équipements emblématiques. Elle proposera également une projection vers les technologies de 2075, soulignant le rôle prospectif du salon.
Une édition résolument internationale
L’un des marqueurs les plus forts d’Equip Auto Paris 2025 est sans conteste sa dimension internationale. Après une édition 2022 réussie sur le plan qualitatif mais limitée par une fréquentation étrangère réduite – dans un contexte post-Covid –, les organisateurs annoncent un véritable rebond. Plus de la moitié des exposants viendront de l’étranger et 34 pays seront représentés.
"Nous avons franchi un cap", souligne Aurélie Jouve. "Cette fois, nous avons dépassé les 50 % d’exposants internationaux. Des entreprises venues d’Inde, de République tchèque, de Thaïlande, de Suède, du Portugal, mais aussi quelques Américains, ont confirmé leur présence. C’est un signe fort de l’attractivité retrouvée du salon."
Philippe Baudin insiste de son côté sur la combinaison de facteurs qui expliquent ce retour, pointant l’intérêt marqué des acteurs étrangers pour le marché de l’après-vente tricolore. "C’est à la fois le résultat du travail des équipes et l’attrait du marché français. […] Et puis, quoi qu’on en dise, l’électrique, c’est très bien, mais le parc roulant reste majoritairement thermique et hybride, et il faut l’entretenir. L’après-vente reste un relais de croissance majeur pour de nombreux équipementiers."
Le salon accueillera également plusieurs pavillons nationaux, renforçant son rôle de carrefour international. L’Espagne, la Chine, le Maroc ou encore la Turquie disposeront d’espaces collectifs, permettant à leurs entreprises de gagner en visibilité. Pour le président d’Equip Auto, il est essentiel de ne pas limiter Equip Auto à sa dimension française : "Oui, nous sommes à Paris, mais nous sommes avant tout un salon international. Avec 50 % d’exposants étrangers et des délégations venues de toute l’Europe, ce serait une erreur de se présenter comme «seulement français».
Cette ambition s’illustrera le 15 octobre, lors d’une journée spéciale consacrée à l’Europe. Trois tables rondes réuniront des dirigeants de groupes de distribution et des fédérations professionnelles autour des grands défis de la filière : électrification, accès aux données, pouvoir d’achat, économie circulaire. "Les décisions réglementaires se prennent aujourd’hui à Bruxelles. Il est donc vital de donner une visibilité accrue à la filière aval, encore trop méconnue des parlementaires", rappelle Aurélie Jouve.
La formation et l’emploi au premier plan
Au-delà du business, Equip Auto entend répondre à un enjeu crucial pour la filière : celui du renouvellement des compétences. L’attractivité des métiers de l’automobile reste en effet un défi majeur, dans un contexte où la transition énergétique et digitale bouleverse les besoins des ateliers. Le sujet est d’autant plus d’actualité que la pénurie de main-d’œuvre reste importante.
Le baromètre ISM-MAAF 2025, publié début septembre, confirme ce déficit : en 2024, près de 39 000 offres d'emplois de mécaniciens ont été publiées (+45 % par rapport à 2019) alors que le nombre de demandeurs d'emplois pour ce type de poste est passé de 35 280 à 32 810 (-7 %) sur la même période.
Pour répondre à cette problématique, les organisateurs ont conçu un espace entièrement dédié : le Village Avenir. Il réunira écoles, centres de formation et organismes spécialisés dans le recrutement et la transmission d’entreprises. "L’idée est de montrer concrètement ce que signifie réparer un véhicule aujourd’hui", soutient la directrice d’Equip Auto. "Nous mobilisons collégiens et lycéens, parce que ce sont eux les techniciens de demain. Il faut leur montrer la complexité et l’intérêt de ces métiers."
Le Garac, école nationale des professions de l’automobile, sera particulièrement impliqué avec son "e-garage", une zone pédagogique consacrée aux véhicules électriques. Des enseignants et étudiants y réaliseront des démonstrations sur trois ou quatre modèles, permettant aux visiteurs de comprendre les spécificités de ces motorisations.
France Travail sera également présent pour mettre en avant les opportunités de reconversion et d’inclusion. L’association Wave, qui milite pour la place des femmes dans la filière, proposera des sessions de speed coaching et une journée dédiée aux métiers féminins de l’automobile.
Une démarche RSE structurante
L’autre grande nouveauté d’Equip Auto 2025 concerne son engagement en faveur de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE). L’organisation s’est fixé un objectif ambitieux : réduire de 30 % l’empreinte environnementale globale de la biennale par rapport à l’édition 2022.
"Notre plan RSE est structurant et participatif", insiste Aurélie Jouve. "Nous voulons mobiliser l’ensemble des acteurs présents pour faire de ce salon un exemple de responsabilité. Cela passe par des mesures concrètes, qui concernent à la fois les visiteurs, les exposants et les prestataires."
Dès l’inscription, les participants seront invités à privilégier le covoiturage ou le partage de taxis. Sur place, la restauration proposera des menus responsables, avec des options végétariennes. Des fontaines à eau seront installées pour limiter l’usage du plastique. Le tri des déchets sera généralisé, et des signalétiques mettront en avant les exposants ayant conçu des stands écoresponsables.
Un bilan carbone en temps réel sera affiché sur les écrans du salon, permettant à chacun de mesurer son impact. "Nous voulons sensibiliser mais aussi accompagner, avec des guides d’écoconception pour les stands, une offre d’accompagnement des bureaux d’études, et même des trophées pour récompenser les exposants les plus vertueux", détaille Aurélie Jouve.
Selon Philippe Baudin, cette évolution d’Equip Auto est indispensable pour accompagner le virage "vert" amorcé par les acteurs du marché de la rechange depuis quelques années. "On ne peut pas ignorer les attentes croissantes de la société et des pouvoirs publics. Notre responsabilité est de montrer que la filière sait se mobiliser. Réduire de 30 % l’impact d’un événement de cette ampleur n’est pas simple, mais c’est un objectif réaliste si chacun joue le jeu."
Des temps forts festifs pour marquer les 50 ans
Au-delà des affaires et des débats, le 50e anniversaire d’Equip Auto sera aussi une fête. Les organisateurs ont prévu plusieurs rendez-vous conviviaux, destinés à célébrer l’histoire du salon et à renforcer les liens entre participants. Le moment le plus attendu sera le dîner de gala du 14 octobre, qui se tiendra au Palais Brongniart.
"Ce sera une soirée très festive, sans longs discours ni débats institutionnels. On est là pour souffler les bougies et célébrer Equip Auto", annonce Aurélie Jouve. Trois heures d’animations et de séquences sont prévues, dans un cadre prestigieux.

Au-delà du business, Equip Auto cultive la convivialité : rencontres informelles, nocturnes et moments festifs ponctueront l’édition anniversaire. ©Equip Auto
Deux nocturnes seront organisées le mercredi et le vendredi, permettant aux exposants et visiteurs de prolonger les échanges dans une atmosphère plus détendue. Dans les allées, un "happening" spécial 50e anniversaire viendra également surprendre le public.
D’autres animations viendront enrichir cette dimension festive. L’"Atelier des artistes" mettra à l’honneur des créateurs inspirés par l’automobile, dont les œuvres seront soumises au vote des visiteurs. François Allain, présentateur de l'émission Vintage Mecanic, animera une démonstration spectaculaire de montage et démontage de Jeep Willys, chronométrée. Enfin, une exposition, "La Croisière Verte", retracera l’aventure d’une Citroën Ami ayant traversé l’Afrique, symbole de la mobilité de demain.
Quel avenir pour Equip Auto ?
Si tous les ingrédients paraissent réunis pour faire de l’édition 2025 un succès, la direction d’Equip Auto regarde déjà plus loin. La pérennité des grands salons professionnels, fragilisée depuis la crise sanitaire, reste en effet questionnée. Nombre d’événements ont dû réinventer leur format, certains ont décliné, d’autres ont trouvé un nouvel élan. Equip Auto s’inscrit pleinement dans cette réflexion.
"Si nous restons strictement sur le modèle historique, il faudra le faire évoluer pour durer", reconnaît Philippe Baudin. Pour cette 50e édition, plusieurs évolutions concrètes témoignent de cette volonté de renouvellement. Le partenariat noué avec les Automobile Awards en est une illustration. Au cœur du salon, une vingtaine de constructeurs présenteront leurs modèles en lice pour le Grand Prix "La voiture préférée des Français".
Autre décision structurante : l’arrêt de l’expérience "On Tour". Lancé en 2021, ce format itinérant avait pour objectif de maintenir le lien avec les professionnels en région. Après plusieurs éditions réussies, les organisateurs ont choisi de ne pas reconduire l’opération. "On Tour a été lancé en sortie de Covid, monté en six mois. Les gens voulaient se revoir, et ça a bien marché", rappelle Philippe Baudin.
"En 2023, Lyon a plutôt bien fonctionné pour une première. En 2024, nous avons refait On Tour parce que nous avions Equip Auto 2025 à préparer. Le résultat a été bon, mais la mise en œuvre est devenue très compliquée avec nos partenaires, qu’il s’agisse des réseaux, des distributeurs ou des équipementiers. Le modèle heurte trop d’intérêts locaux. " Raison pour laquelle Equip Auto On Tour ne sera pas reconduit en 2026.
Mais le président de la biennale reste ouvert et n’exclut pas totalement un retour de ce format régional : "Je suis convaincu que le principe rejaillira un jour, mais pas dans sa formule actuelle".